Enjeux et tensions dans la patrimonialisation du religieux
March 21, 2025

Séminaire d’IrAsia 21 mars 2025

Les organisations internationales telles que l’UNESCO, l’ICOMOS, l’ICCROM et l’UICN ont développé des normes et recommandations pour la gestion du patrimoine religieux et sacré. Leurs dispositifs s’appuient sur des principes tels que la protection de l’esprit du lieu (Déclaration de Québec, 2008), l’authenticité des pratiques et des espaces sacrés (Document de Nara, 1994), et l’intégration des communautés religieuses dans les processus de sauvegarde. L’appareil normatif des échelles étatiques s’engage sur les mêmes notions et préoccupations. Toutefois, ces approches suscitent des débats quant aux limites et aux effets de la patrimonialisation sur les dynamiques cultuelles et sociales des communautés et des groupes concernés. En effet, l’on est face à un processus complexe qui implique à la fois la sauvegarde des traditions, la réinterprétation des pratiques cultuelles, la participation des communautés ainsi que des dynamiques de gouvernance et d’appropriation. Ce phénomène s’inscrit dans un cadre plus large où se croisent politiques culturelles, identités religieuses et décisions administratives, dans une tentative d’équilibrer protection du religieux et mise en valeur culturelle. Les trois interventions de ce séminaire se proposent d’explorer différentes problématiques liées tant aux objets, aux représentations symboliques et aux groupes socioreligieux qu’au contexte dans lesquels ils s’insèrent. 1. Cyril Isnart : « La synagogue de Tomar. Culture matérielle, religion minoritaire et patrimonialisation au Portugal » Cette communication, basée sur des publications récentes, se propose d’explorer le cas de la synagogue de Tomar (Portugal) afin d’explorer les dynamiques culturelles que la patrimonialisation entraîne dans le champ des pratiques et des mémoires religieuses minoritaires. En suivant pendant un siècle le parcours des objets qui ont constitué les collections de la synagogue-musée de Tomar, on essaie de mieux comprendre comment un passé religieux, dont les traces ont été systématiquement effacées, a pu être mis en exposition dans le cadre d’un musée national en soulignant la pluralité des régimes d’exposition et de la nature des collections elles-mêmes. Cette communication permet également de poser un regard sur la complémentarité entre la matérialité d’un monument religieux et celle des collections d’objets de dévotion, dont on active la nature religieuse de façon contrastée, entre le témoignage historique de la présence juive au Portugal (érudition), l’effacement de la présence d’une altérité religieuse historique (oubli) et la construction d’une matérialité dévotionnelle affective (affection). Enfin, ce travail se donne aussi comme une mise à l’épreuve du concept de religious heritage complex, que nous avons proposé avec Nathalie Cerezales pour penser ces relations complexes entre fait religieux et fait patrimonial. 2. Antonio Guerreiro : « Tendances actuelles des processus de patrimonialisation en Asie du Sud-Est à travers les cas religieux » Au cours de cet exposé je présenterai des exemples des processus de patrimonialisation en Asie du Sud-Est insulaire, circa des années 2000 à 2020, sous forme de synthèse : ils posent des problématiques riches de sens (patrimoine matériel/immatériel) en rapport aux faits religieux et aux objets cérémoniels. Ces objets, vecteurs du sacré, soulèvent des perspectives muséologiques et éthiques, liées à la transmission des cultures. Le stūpa de Borobudur à Java central, l’un des monuments les plus impressionnants d’Asie du Sud-Est indianisée. Considéré comme patrimoine spirituel, ce mandala de pierre a donné lieu à des controverses architecturales ainsi qu’à un débat à propos des conditions de conservation du site, notamment en raison de l’augmentation des flux touristiques. Le monument a été restauré sous les auspices de l’Unesco de 1973 à 1983. La valeur religieuse du Borobudur s’est affirmée en Indonésie et en Asie, le monument a pris une nouvelle dimension, soulignée par son inscription au patrimoine mondial en 1991. Je présenterai plus brièvement un cas particulier qui soulève le statut des restes humains, aussi bien en rapport aux pratiques autochtones qu’au marché de l’art et à la muséographie (Dayak Trophy Skulls as Heritage & Art). 3. Fiorella Allio : « La religion vivante à l’épreuve de la patrimonialisation : le cas de Taiwan » L’expérience religieuse s’inscrit dans un monde de pratiques et de croyances (ou actes de croire) qui se déploient au sein d’un environnement matériel et/ou intangible, spatialisé et temporalisé. Cette présentation se penchera sur l’expérience religieuse vivante, dans les domaines de la religion populaire et du taoïsme à Taiwan. Elle a d’abord pour ambition de mettre en relief la place qu’occupe le patrimoine religieux sur les listes officielles des biens patrimoniaux, tant au niveau local que national, et même international, en lien direct avec la question de l’identité nationale, brûlante d’actualité, et des politiques culturelles très contrastées qui se sont succédées depuis cent ans. Dans un deuxième temps, l’exposé montrera l’impact de la patrimonialisation sur la scène religieuse, les avantages et les inconvénients ressentis, mais témoignera surtout des points d’achoppement et des divergences de vues et de valeurs entre l’administration et les communautés de culte sur la manière et les raisons de perpétuer et de sauvegarder le « patrimoine » / la « tradition ». En tirant ses exemples de l’appréhension et du traitement du bâti tempulaire, des objets votifs ainsi que des fêtes et des phénomènes rituels performatifs, la réflexion s’attachera à souligner le pouvoir d’attraction du discours patrimonial et les ressorts des institutions dédiées, alors que dans les faits la question pressante de la transmission et celle implicite du pouvoir et de l’autonomie soulèvent toujours plus d’interrogations sur l’utilité du processus.

Plus

Note Login : 

1.Il y a deux boutons Login de connexion  : ‘Login Edition’ et ‘Login Intranet’.

Ce sont les mêmes Logins pour les deux accès, mais l’ouverture de l’interface est différente, vous verrez. “*Login Intranet*” mène à la page Intranet. C’est là que vous pouvez accéder les tutoriels.

 *”Login Edition“* mène à l’interface d’édition de vos pages.

2.Il ne faut pas oublier de se déconnecter: 

Pour vous déconnecter de l‘Intranet, descendez en bas de la page web, puis cliquez sur ‘Log Edition’. Vous serez alors redirigé directement vers la page Edition. Sur cette page, en haut à droite, placez le curseur sur votre nom, puis cliquez sur ‘Log Out’. Vous vous déconnecterez ainsi à la fois de la page Edition et de l’intranet.